L'intelligence artificielle dans la profession juridique. Que peut-elle faire ? Qu'est-elle autorisée à faire ? Et surtout, quel est son impact sur les activités quotidiennes du secteur ? Nous avons remarqué que les avocats et les professionnels du droit se posent de nombreuses questions sur l'intelligence artificielle (IA). C'est pourquoi nous avons réuni des avocats, des partenaires et des experts en technologie autour d'une table afin d'avoir un débat ouvert sur les opportunités et les questions qu'apporte l'IA. Erwin Roels, Sales Manager, et Magali Van Reeth, Account Manager, expliquent les tendances qui se sont confirmées au cours de notre table ronde.
Où les avocats voient-ils des possibilités de mise en œuvre de l'IA dans leur domaine ?
Erwin - Ils veulent surtout de l'aide pour traiter de grandes quantités d'informations. Pensez à des dossiers de plusieurs centaines de pages. L'IA peut les aider à trouver les éléments pertinents, à faire des liens et des résumés plus rapidement. Cela augmente la productivité des avocats et de leur personnel.
Quelles sont les tâches que l'IA peut déjà prendre en charge dans un cabinet d'avocats aujourd'hui ?
Magali - L'IA peut analyser des documents, créer des synthèses, rechercher des jurisprudences pertinentes, et même faire des suggestions d'argumentation. Mais il reste important qu'un avocat vérifie le tout. L'IA est rapide, mais pas infaillible.
Les juristes veulent-ils donc que l'IA tire des conclusions juridiques ?
Erwin - Non, c'est un point important. L'IA est considérée comme un outil, pas comme un substitut. Les avocats veulent prendre eux-mêmes les décisions finales. Ils préfèrent utiliser l'IA comme une sorte d'assistant intelligent qui les aide à penser de manière créative et stratégique, par exemple lors de la rédaction de plaidoiries.
Qu'en est-il de la confiance dans les outils d'IA ?
Magali - La confiance est cruciale. Si un outil d'IA donne des informations qui ne sont pas conformes au droit belge, les avocats abandonnent immédiatement. Ils veulent être sûrs que l'outil est fiable et qu'ils peuvent vérifier la provenance de l'information. De plus, l'outil doit être facile à utiliser, sans devoir être un expert en informatique.
Craint-on que l'IA rende la profession juridique obsolète ?
Erwin - Cette question revient souvent. Certains craignent que l'IA prenne la place de leur travail. Mais la plupart des participants pensent que l'IA va changer la profession, et non la faire disparaître. L'interprétation humaine, l'empathie, la connaissance approfondie du droit belge et la perspicacité stratégique restent essentielles.
Que signifie l'IA pour le modèle de revenus des cabinets d'avocats ?
Magali - C'est un sujet brûlant. De nombreux cabinets travaillent selon le modèle classique de la « facturation à l'heure ». Mais si l'IA accélère le travail, ils peuvent facturer moins d'heures. Cela exerce une pression sur leurs revenus. Une solution possible ? Facturer l'investissement dans l'IA au client par le biais d'une « redevance IA » distincte.
Qu'en est-il de la sécurité des informations sensibles ?
Erwin - La sécurité est en effet une préoccupation majeure. Les avocats travaillent avec des données confidentielles. Ils veulent être sûrs que ces informations restent en sécurité, même s'ils les saisissent dans un outil d'IA. Il est donc important que les outils d'IA répondent à des normes de sécurité strictes et qu'aucune donnée personnelle ne soit stockée sans consentement.
Que dit la loi sur l'utilisation de l'IA dans la profession d'avocat ?
Magali - L'Ordre des barreaux flamands a élaboré des lignes directrices à ce sujet.(1) L'IA peut être utilisée, mais l'avocat reste responsable du résultat final. Il doit rester critique, vérifier les sources et respecter le secret professionnel.
Quel est le rôle d'Aurelium dans cette histoire ?
Erwin - Aurelium aide les cabinets d'avocats à intégrer l'IA de manière sûre et réfléchie. Nous les guidons dans le choix des bons outils, nous les formons - comme l'exige d'ailleurs la loi sur l'IA2 - et nous les aidons à mettre en place un cadre de gouvernance. C'est ainsi que nous nous assurons que l'IA est déployée de manière responsable.
Mais l'IA n'est pas un phénomène isolé. Elle n'est qu'un élément d'une transformation numérique plus large. Un lieu de travail moderne ne se résume pas à des algorithmes intelligents. Il s'agit de l'intégration de différentes technologies qui fonctionnent ensemble dans un environnement informatique sécurisé, flexible et à l'épreuve du temps.
Prenons SharePoint, par exemple : une plateforme puissante qui permet aux avocats de partager des documents en toute sécurité, de collaborer sur des fichiers et de gérer les connaissances de manière centralisée. Ou encore Power BI, qui donne un aperçu des données opérationnelles, comme le temps passé sur certains dossiers ou la répartition de la charge de travail au sein de l'équipe. En combinant intelligemment ces outils avec des solutions d'IA telles que Microsoft Copilot, on crée un écosystème dans lequel la technologie renforce l'humain et ne le remplace pas.
Ce que nous savions déjà devient de plus en plus clair : l'IA n'est pas un phénomène de mode, mais une réalité. Les cabinets d'avocats qui investissent aujourd'hui dans les connaissances, les outils et une infrastructure informatique moderne construisent leur résilience future. Mais cela doit être fait de manière réfléchie, dans le respect des valeurs de la profession et en tenant compte de la sécurité, de la protection de la vie privée et de l'éthique.
1 Orde van Vlaamse Balies | Gebruik Artificiële Intelligentie
2 https://www.aurelium.be/nl/blog/AI-geletterdheid-voldoe-aan-de-AI-Act-en-versterk-uw-organisatie